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la saison. Il le battit à la riviere de Rhyndacus, et fit un si grand carnage de ses troupes, que les femmes d’Apollonia sortirent de leur ville pour dépoüiller les morts et pour piller le bagage. Appien qui convient de cette victoire, a oublié la pluspart des circonstances dont Plutarque nous a instruits.

A l’égard de la bataille qu’Amurat remporta sur son Oncle Mustapha, les Auteurs la rapportent diversement. Ducas et Leunclaw prétendent qu’Amurat fit mettre à bas le pont de Lopadi, pour empescher son oncle de venir à lui. Nous en avons veû les restes, et depuis ce temps-là on a fait le pont de bois sur lequel on passe pour aller à la ville. Mustapha se voyant abbandonné de ses alliez, ne songea qu’à passer en Europe. Calcondyle asseûre qu’Amurat fit jetter un pont sur la riviere. On peut lire Leunclaw sur les autres particularitez de l’action, car il prétend qu’il y eût un sanglant combat, et que Mustapha fut l’agresseur.

Mr Spon n’a pas eû raison de prendre le Lac de Lopadi pour le Lac Ascanius, non plus que d’asseûrer que la riviere de Lopadi se jette dans le Granique. Le Lac Ascanius est le Lac de Nicée, que les Grecs appellent Nixaca, et les Turcs Ismich. Mr Tavernier dit, que ce Lac se nomme Chabangioul, à cause de la ville de Chabangi qui est sur ses bords, à 5 ou 6 milles de Nicée. Strabon place le Lac Ascanius prés de cette ville. Pour ce qui est du Granique, il est assez éloigné de Lopadi, comme nous l’allons voir, et l’on reconnoît l’embouchure du Rhyndacus par une Isle que les anciens ont nommée Besbicos.

On séjourna à Lopadi le lendemain 10 Decembre, parce que cinq marchands Juifs de Pruse, qui avoient le même voiturier que nous, avoient mis dans leur marché