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de tour, et sept ou huit milles de largeur en quelques endroits, entrecoupé de plusieurs Isles et de quelques peninsules ; c’est proprement le grand égout du Mont Olympe. La plus grande de ces Isles a trois milles de circonference et s’appelle Abouillona de même que le village, qui est sans doute l’ancienne ville d’Apollonia, puisque c’est de ce Lac que sort la riviere de Rhyndacus qui va passer à Lopadi ou Loubat. Caragas est encore un village de Grecs dans une autre Isle du même Lac ; mais il s’est mêlé quelques Turcs parmi eux. Les uns et les autres passent d’une Isle à l’autre sur des Caïques à voile, pour les aller cultiver. Les Carpes de ce Lac pesent 12 ou 15 livres ; mais nous ne les trouvâmes pas meilleures que celles que nous avions mangées à Pruse. Ce Lac s’appelloit anciennement Stagnum Artynia. Le Rhyndacus se nommoit Lycus, et peutêtre que Lopadi petite ville à une lieüe au dessous, est la ville de Metellopolis dont Pline a fait mention ; mais il ne faut pas la confondre avec la Metellopolis de Strabon. Suivant cet Autheur le Lac d’Abouillona s’appelloit Apolloniatis, et la ville qui s’y trouvoit, portoit le nom d’Apollonia. La Médaille de Septime Severe, dont le revers represente un vaisseau à la voile, marque bien que les habitans s’addonnoient fort à la navigation, et que la ville devoit être considérable. Celle de M. Aurele, au revers de laquelle se voit le Rhyndacus à longue barbe, couché et appuyé sur son urne, tenant un roseau de la main gauche et poussant de la droite un bateau, fait entendre que cette riviere étoit navigable dans ce temps-là.

Mr Vaillant asseûre qu’il a veû la ville d’Apollonia, et la place sur une colline, au pied de laquelle coule le Rhyndacus à 15 milles de la mer ; mais sans doute que ce savant homme prit Lopadi pour Apollonia, laquelle ne