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lées de Chênes, du côté du midi. Je crois que c’est le Loufer qui va passer vers Montania. Il y a dix ou douze mille familles de Turcs dans Pruse, lesquelles font plus de quarante mille ames, à ne compter que quatre personnes par famille. On y compte quatre cens cases ou familles de Juifs, cinq cens cases d’Armeniens, et trois cens familles de Grecs. Neanmoins cette ville ne nous parut pas fort peuplée, et son enceinte n’a pas plus de trois milles de tour. Les murailles sont à moitié ruinées et n’ont jamais eté belles, quoique fortifiées par des Tours quarrées. On n’y remarque ni vieux marbres ni Inscriptions. On ne voit même que peu de marques d’antiquité dans la ville, parce qu’elle a eté rebâtie plusieurs fois. Sa situation n’est pas si avantageuse qu’elle paroît, puisqu’elle est dominée par des collines du côté du mont Olympe. Il n’est permis qu’aux Musulmans de loger dans la ville. Les fauxbourgs qui sont incomparablement plus grands, plus beaux, et mieux peuplez, sont remplis de Juifs, d’Armeniens et de Grecs. Les Platanes y sont d’une beauté surprenante et font un paysage admirable, entremêlez avec des maisons dont les terrasses ont une veüe tout à fait charmante.

Les Tombeaux d’Orcan, de sa femme et de ses enfans, sont dans une Eglise grecque couverte en Mosquée, qui n’est ni grande ni belle. A l’entrée sont deux grosses colomnes de marbre, et tout au fond quatre petites qui ferment le Chœur, auquel les Turcs n’ont pas touché ; ainsi leurs bases ne sont pas à la place de leurs chapiteaux, ni les chapiteaux à la place des bases, comme Mrs Spon et Weheler l’ont écrit. Ce Chœur, quoique revétu de marbre, n’a jamais eté beau ; la pierre est d’un blanc sale, sombre, et jaspée en quelques endroits. Le Sanctuaire y subsiste encore avec un perron à quatre marches. On fait voir aux étrangers, dans le Vestibule de