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Minaret des filles, parce qu’ils s’imaginent qu’elle soutenoit le Tombeau d’une fille.

Le Pacha d’Angora joüit de 30 ou 35 bourses de revenu. Les Janissaires y sont commandez par un Sardar ; mais il n’y en a qu’environ trois cens. On compte dans cette ville quarante mille ames parmi les Turcs, quatre ou cinq mille Armeniens, et six cens Grecs. Les Armeniens y ont sept Eglises, sans compter le Monastere de Ste Marie. Les Grecs n’ont qu’une Eglise dans la ville, et une dans le Château.

Angora est à quatre grandes journées de la mer Noire par le plus court chemin. La Caravane d’Angora à Smyrne met 20 jours, et l’ancienne ville de Cotyæum, à qui les Turcs ont conservé le nom de Cataye, est à moitié chemin. Les Caravanes vont d’Angora à Pruse dans dix jours ; d’Angora à Kesarie en huit ; d’Angora à Sinope en dix ; d’Angora à Ismith, ou l’ancienne Nicomedie en neuf jours : enfin d’Angora à Assamboul en douze ou treize jours.

On nourrit les plus belles Chevres du monde dans la campagne d’Angora. Elles ébloüissent par leur blancheur, et leur poil qui est aussi fin que la soye, frisé naturellement par tresses de huit ou neuf pouces de long, est la matiere de plusieurs belles étoffes, et sur tout du Camelot ; mais on ne permet gueres de transporter cette toison sans la filer, parce que les gens du pays y gagnent leur vie. Il semble que Strabon ait parlé de ces belles Chevres. Aux environs de la riviere Halys, dit-il, on nourrit des moutons dont la laine est fort épaisse et fort douce ; et de plus il y a des Chevre qui ne se trouvent pas ailleurs. Quoiqu’il en soit ces belles Chevres d’aujourd’hui ne se voyent qu’à quatre ou cinq journées d’Angora et de Beibasar ; leurs portées dégénerent quand on les transporte plus loin. Le fil de