Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/560

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

servi sous Bajazet ; et Temirte battit Eses à Angora et lui fit couper la tête.

Angora présentement est une des meilleures villes d’Anatolie, et montre par tout des marques de son ancienne magnificence. On ne voit dans les ruës que colomnes et vieux marbres, parmi lesquels on distingue une espece de Porphyre rougeatre piqué de blanc, semblable à celui qui est aux Pennes proche de Marseille. On trouve aussi à Angora quelques morceaux de Jaspe rouge et blanc à grosses taches, approchant de celui de Languedoc. La pluspart des colomnes sont lisses et cilindriques, quelques-unes canelées en spire ; les plus singulieres sont ovales, ornées d’une plate-bande par devant et par derriere, laquelle regne aussi tout le long du piédestal et du chapiteau. Elles me parurent assez belles pour les faire graver ; il me semble qu’aucun Architecte n’a parlé de cet ordre. Il n’y a rien de si surprenant que le perron de la porte d’une Mosquée ; il est de 14 degrez composez uniquement de bases de colomnes de marbre, posées les unes sur les autres. Quoique les maisons presentement ne soient que de boüe, on ne laisse pas d’y voir de fort belles pieces de marbre.

Les murailles de la ville sont basses et terminées par de méchans crenaux ; mais on y a employé indifferemment, colomnes, architraves, chapiteaux, bases et autres morceaux antiques entremêlez avec de la maçonnerie, principalement aux tours et aux portes lesquelles, malgré cela, n’en sont pas plus belles ; car les tours sont quarrées et les portes toutes simples. Quoiqu’on ait engagé dans ces murailles beaucoup de morceaux de marbre du costé où sont les Inscriptions, on ne laisse pas d’en lire plusieurs qui sont la pluspart grecques, quelques-unes latines, arabes ou Turques. L’Inscription suivante est tout auprés de quelques Lions de marbre fort défigurez, à la porte de Kesaria.