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cat. On nous fit camper auprés d’un village appellé Almous au milieu des Chênes à grandes et à petites feüilles. Parmi plusieurs Plantes rares nous y observâmes la Sauge à faucilles larges et frisées, le Geniévre à fruit rouge, le Fusain, l’Aulne, le Cournoüillier, le Terebinthe commun, le Melilot, la Pimprenelle, la Chicorée sauvage, la Sarriette, l’Ambroisie, la Fougere femelle et je ne sçai combien de plantes fort communes ; mais rien ne nous fit plus de plaisir que cette belle espece de Thapsie dont Rauvolf a donné la figure sous le nom de Gingidium Dioscoridis. En voici la description.

Sa racins n’a qu’une ligne d’épais, blanchâtre, longue de trois ou quatre pouces, garnie de quelques fibres. La tige de la pluspart des pieds que nous trouvâmes dans les champs, n’avoit gueres plus d’un empan de haut, tortuë, épaisse d’une ligne, accompagnée de feüilles semblables à celles du Scandix Cretica minor C. B. longues de 2 ou 3 pouces, lesquelles enveloppement la tige par une espece de gaine de demi pouce de long. Les ombelles sont larges d’un pouce et demi, entourez à la base de cinq feüilles découpées de même que les autres, longues seulement de sept ou huit lignes, pliées en goutiere à leur naissance. Chaque rayon est encore terminé par deux feüilles semblables qui accompagnent les fleurs ; elles étoient passées aussi-bien que les graines que nous amassâmes à terre en quantité. Ces graines sont ovales et plattes.

Le 28 Septembre nous montâmes à cheval à une heure aprés minuit, et arrivâmes à Tocat sur les 10 heures. Aprés avoir passé par des vallées fort étroites et couvertes de Chênes, nous retrouvâmes nôtre riviere et la passâmes encore deux fois, elle s’appelle Tosanlu et se jette dans l’Iris des anciens, que les Turcs nomment Casalmac. Enfin on entre dans une vallée plus grande et plus belle