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tagne que nous eussions encore passée depuis Erzeron. On y voit beaucoup de Chênes et de Pins, mais la descente en est affreuse, et l’on campa dans une espece d’abîme au pied de quelques autres montagnes un peu moins élevées.

Ces montagnes produisent de belles especes d’Azarolier, il y en a qui sont aussi gros que des Chênes. Leurs tronc e l’écorce gersée et grisatre, les branches touffuës et étenduës sur les côtez. Les feüilles sont disposées par bouquets, longues de deux pouces et demi sur 15 lignes de large, vert-pâle, luisantes, légerement veluës des deux côtez, découpées ordinairement en trois parties jusque vers la côte, et ces parties sont dentées fort proprement sur les bords, assez semblables à celles de la Tanaisie ; la partie qui termine les feüilles est encore recoupée en trois parties. Les fruits naissent deux ou trois ensemble au bout des jeunes jets, et ressemblent à des petites Pommes d’un pouce de diametre, arrondies en cinq coins en côte de Melon, légerement velus, vert-pale tirant sur le jaune, avec un nombril relevé de 5 feüilles longues de 4 lignes, larges d’une ligne et demi, et dentées de même que les feüilles de l’arbre : on voit même quelquefois une ou deux de ces feüilles sortir de la chair du fruit ou de son pedicule. Ce fruit quoi qu’agréable, ne l’est pas autant que l’Azarole, mais je crois qu’il seroit excellent s’il étoit cultivé. Non seulement les Armeniens en mangérent tant qu’ils purent, mais ils en remplirent leurs besaces. Le centre de ce fruit est occupé par cinq osselets longs de quatre lignes, arrondis sur le dos, un peu aplatis sur les côtez, aigus du côté qui regarde le centre du fruit, tres-durs et remplis d’une moëlle blanche. Cet arbre n’a point de piquans, ses feüilles sont fades et d’un goût mucilagineux.

Les autres especes d’Azarolier ont le fruit rouge et ne