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Lettre XXI.

À Monseigneur le Comte de Pontchartrain, Secretaire d’Etat et des Commandemens de Sa Majesté, etc.

Monseigneur,

Voyage de To­cat & d’AngoraNous commençames à tourner tout de bon le dos au Levant le 12 Septembre, et quoique nous fussions au fond de la Natolie, il nous sembloit que nous voyions les pointes des clochers de France, dés que nous eûmes pris le parti de nus approcher de la Mediterranée. Nous n’allâmes pourtant ce jour-là qu’à un mille d’Erzeron avec une partie de la Caravane qui s’assembloit pour Tocat, et nous partîmes le lendemain 13 Septembre pour les Bains d’Elija où le reste des Marchands s’étoient rendus. Ces eaux nous parurent plus chaudes que celles d’Assancalé, et que celles des environs du grand Monastere d’Erzeron.

Le 14 Septembre nous marchâmes depuis 5 heures du matin jusques à midi par des pays plats, mais si secs et si brûlez qu’on n’y trouvoit ni plantes ni graines. Nôtre Caravane n’étoit que d’environ 400 personnes, presque tous Armeniens qui conduisoient des soyes à Tocat, à Smyrne et à Constantinople. On partit le 15 à cinq heures et demi, et l’on campa vers le midi sur cette branche de l’Euphrate qui passe par la plaine d’Erzeron sous le pont d’Elija. Nous l’avions toujours côtoyée à gauche, mais la campagne nous parut bien plus rude que