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cet adorable mistere. Il se présentent la pluspart à la communion sans préparation, et on la donne aux enfans de 15 ou 16 ans, sans confession, quoiqu’à cet âge ils ne soient pas si innocens que les peuples le supposent. Les Armeniens communient rarement à la campagne, parceque souvent le peuple n’a pas de quoi faire dire la Messe, et les Prêtres leur persuadent qu’une Messe mal payée n’a pas grande vertu.

Nos Missionnaires se font admirer par leur Science, par leur zéle et par leur genérosité ; mais les Schismatiques détruisent, par leur argent, ce que ces hommes Apostoliques édifient de plus solide. Les Missions les plus fleurissantes tomberont à la fin si Dieu ne change le cœur des Schismatiques. Ces malheureux qui n’apprehendent rien tant que les saints progrés de nos Prêtres, interessent des puissances de l’Etat et ne cessent de leur réprésenter combien il seroit dangereux de souffrir que les Latins se multipliassent chez eux ; que ces gens malintentionnez pour le gouvernement sont dévoüez au Pape et aux Princes Chrétiens ; qu’il faut les regarder comme autant d’espions, qui sous pretexte de religion viennent pour reconnoître les forces du pays ; qu’ils n’inspirent à ceux de leur Rite que l’esprit de sédition et de révolte ; que les plus puissans Princes d’Europe ne s’interesseroient pas pour eux s’ils ne s’en servoient comme d’autant d’Emissaires propres à étendre un jour leurs conquêtes. Toutes ces fausses raisons appuyées de force sequins, font ouvrir les yeux aux Mahometans ; et malgré toutes les recommendations du monde, on oblige les Missionnaires à se retirer. Neantmoins ces Apôtres ne se rebutent point ; on voit tous les jours en Levant de nouveaux Capucins, des Dominicains, des Carmes, des Jesuites, des Prêtres des Missions étrangeres de Paris. Ils