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peres qui n’attendent pas la fête de Noël, et qui supposent que leur enfant est mourant. En effet quelle folie de s’incommoder sans nécessité ? Les Gouverneurs des Provinces s’y trouvent souvent, le Roy même vient quelquefois à Julfa pour voir ces sortes de fêtes : Il faut alors faire beaucoup de présens, outre les festins et les colations. Les femmes accouchées ne vont à l’Eglise que 40 jours aprés leur accouchement ; elles observent plusieurs superstitions judaïques.

Il paroît par ce que l’on vient de dire, que les Armeniens conférent deux Sacremens à la fois, le Baptême et la Confirmation, puisqu’ils donnent le Saint Chrême aux enfans. Ils croyent que tous les Prêtres peuvent administrer ce Sacrement, mais ils sont persuadez qu’il n’y a que le Patriarche qui puisse benir le Saint Chrême.

Pour la Communion, les Prêtres donnent aux fidelles un morceau de l’Hostie consacrée, et trempée dans le vin consacré : mais il est scandaleux qu’ils communient les enfans à l’âge de deux ou trois mois entre les bras de leurs meres, parce qu’ils rejettent le plus souvent les especes consacrées. Les Prêtres Armeniens consacrent avec du pain sans levain, et font eux-mêmes les hosties la veille du jour qu’ils doivent consacrer ; elles sont semblables aux nôtres, si ce n’est qu’elles ont trois ou quatre fois plus d’épaisseur. Avant que de commencer la Messe, le Prêtre prend soin de mettre l’hostie sur une patene, et le vin tout pur dans un calice. Jesus-Christ, disent-ils, fit la Cene avec le vin, et réserva l’eau pour le Baptême. Le Prêtre couvre les especes d’un grand voile et les enferme dans une armoire prés de l’autel du côté de l’Evangile. A l’Offertoite il va prendre le calice et la patene en céremonie, c’est à dire suivi des Diacres et des Sousdiacres, dont quelques-uns portent des flambeaux, et les autres des plaques de cui-