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ptement avec nos fusils. Ceux que Mr de la Chaumete vient d’inventer, valent incomparablement mieux, et donnent la superiorité du feu à ceux qui s’en servent. On n’a jamais porté les armes au point de perfection où Mr de la Chaumete les a mises. Les Gibecieres dont on se sert en Levant, sont composées de tuyaux de canne assemblez ordinairement à double rang, assez semblables aux anciennes fluttes de Pan, ou pour me servir d’une comparaison plus intelligible, aux siflets de ces Chaudronniers ambulans qui vont chercher de l’ouvrage de Province en Province. La Gibeciere des Orientaux est légere, courbe, et s’accommode aisément sur le côté. Ses tuyaux sont hauts de quatre ou cinq pouces, et couverts d’une peau assez propre ; chaque tuyau contient sa charge, et cette charge est un tuyau de papier rempli de la quantité de poudre et de plomb necessaire pour ti<rer> un coup. Quand on veut charger un fusil, on tire un de ces tuyaux de la Gibeciere ; avec un coup de dent on ouvre le papier du côté où est la poudre, on la vuide en même temps dans le canon du fusil, et on laisse couler le plomb qui est enfermé dans le reste du tuyau de papier. La charge est faite avec un coup de baguette que l’on donne par dessus et le même papier, qui renfermoit la poudre et le plomb, sert de bourre.

J’ay l’honneur d’être avec un profond respect, etc.