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chez le Mogol. La seule Rhubarbe demanderoit un voyage à la Chine ou en Tartarie. Ensuite il faudroit descendre en Arabien, en Égypte, en Ethiopie. Je ne parle pas des Drogues qui ne se trouvent qu’en Amerique, et qui ne sont pas moins pretieuses que celles que nous fournissent les autres parties du monde. En allant en Amerique il faudroit relâcher dans les Isles Canaries pour décrire le Sang de Dragon.

Aprés cela je ne suis pas surpris si ceux qui se mêlent d’écrire l’Histoire des Drogues, font tant de beveües, et moi le premier. On ne rapporte que des faits incertains et des descriptions imparfaites. Il est encore plus honteux pour nous de ne pas connoître celles qui se préparent en France. Où trouve-t-on des relations exactes du Vermillon, du Tournesol, du Vert-degris, de la Poix, de la Terebentine, du Sapin, de la Melize, de l’Agaric, de nos Vitriols ?

En causant dans les Caravanserais d’Erzeron, nous apprîmes par les Caravaniers de Wan, ville de Turquie sur la frontiere de Perse à huit journées d’Erzeron, que l’on amassoit avec soin la terre qui est sur les grands chemins par où passent les Caravanes de Chameaux. On lesive cette terre et l’on en tire tous les ans plus de cent quintaux de Nitre, que l’on débite principalement dans le Curdistan pour faire de la poudre. On nous asseûra que la terre des champs voisins des chemins de Wan, ne donnoit point de Nitre. Il faut cependant qu’elle contienne quelque chose de propre à devenir Nitre par le mêlange de l’urine des chameaux.

La poudre à canon ne vaut pas quinze sols l’oque à Erzeron, aussi n’est-elle bonne que pour charger, il en faut de plus fine pour amorcer. Tout le monde y charge à cartouche, et rien n’est mieux imaginé pour tirer prom-