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mention. Elle se trouve dans le Cimetiere des Armeniens, et dans quelques endroits autour de la ville où elle ne fleurit qu’en automne.

La racine de cette plante est longue d’environ un pied, dure, ligneuse, grosse comme le petit doit, garnie de fibres cheveluës, blanche en dedans, couverte d’une écorce roussatre. Les tiges naissent en bottes, hautes d’environ deux pieds, droites, fermes, lisses, vert-pâle, rougeatres en quelques endroits, cassantes, accompagnées de feüilles tout-a-fait semblables à celles de la Tanaisie, mais insipides et sans odeur ; les plus grandes ont environ trois pouces de long sur deux pouces de largeur, vert-brun, lisses, découpées profondément jusques à la côte, et recoupées à dents tres menuës ; elles diminuent jusques au bout sans changer de figure. De leurs aisselles naissent des branches longues seulement de demi pied, subdivisées en plusieurs brins tous chargez de fleurs fort serrées et relevées en haut ; ce sont des boutons semblables à ceux de l’Armoise commune, composez de quelques demi-fleurons fort menus et purpurins, renfermez dans un calice à petites écailles vert-foncé. Chaque fleuron port sur un embrion de graine, lequel devient une semence tres menuë, roussatre, longue de demi ligne. On ne découvre point de saveur ni d’odeur dans cette Plante ; elle aime la terre grasse, fraiche, humide.

Au Sud-Est d’Erzeron est la vallée de Caracaia qui est toute remplie de belles Plantes. Nous y observâmes entre autres choses le vrai Napel découpé, comme le represente la figure que Clusius en a donnée. La Caryophyllata aquatica, nutante flore CB. n’y est pas rare. Rien en nous faisoit plus de plaisir que de voir de temps en temps des Plantes des Alpes et des Pyrenées.

En attendant le départ de la Caravane de Tocat, dont