Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/421

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de trois lignes de diametre, terminée en pointe. Cette coque est roussatre, dure, partagée en deux loges par une cloison mitoyenne, dont les deux parois sont agrnis d’un placenta charnu, creusé de quelques fosses, lesquelles reçoivent des graines brunes et menuës.

On ne voit dans toutes les plaines le long de l’Aras, que de la Reglisse et du Cuscute. La Reglisse ressemble tout-a-fait à l’ordinaire, si ce n’est que ses gousses sont plus longues et toutes herissées de piquants. Pour la Cuscute, elle embrasse si fort les tiges de la Reglisse, qu’elle semble ne faire que le même corps avec elle. Quand on l’en détache on s’aperçoit de quelques tubercules épaisses d’environ demi ligne, qui sont comme autant de petits clous ou de chevilles qui entrent dans les tiges de la Plante à laquelle elles sont attachées. Ces tiges ont une ligne d’épaisseur et quelquefois davantage. Nous les prîmes d’abord pour des tiges de quelque espece de Lizeron, dont les feüilles étoient passées. On ne sçauroit mieux comparer les feüilles de la Cuscute, qu’à ces cordes de boyau qui sont grosses comme de la fiscelle ; mais elles sont fermes, difficiles à casser, ameres, peu aromatiques, vert-pale, divisées en plusieurs branches tortillées sur les plantes voisines dont elles sucent le suc nourricier, lequel s’imbibe dans les tubercules dont on vient de parler. Ces tubercules sont ordinairement posez obliquement dans l’intervalle d’une ligne l’un de l’autre ; mais aussi en des endroits differents ne trouve-t-on point de racines à cette Plante, non-plus qu’aux autres especes du même genre, lorsque les tubercules sont en état de distribuer le suc nourricier. Ses fleurs naissent par bouquets en maniére de tête grisdelin-lavé, haute de deux lignes, du diametre d’une ligne et demi. Ce sont des godets découpez en cinq pointes obtuses,