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n’avortent pas, deviennent des semences longues de trois lignes. Les fleurs n’ont point d’odeur sensible, mais les seüilles sont tres-ameres.

Nous eûmes le plaisir ce jour-là de faire un nouveau genre de plante, et nous lui imposâmes le nom d’un des plus sçavans hommes de ce siecle, également estimé par sa modestie, et par la pureté de ses mœurs. C’est celui de Mr Dodart de l’Académie Royale des Sciences, Medecin de S. A. S. Madame la Princesse de Conti la Doüairiere.

Cette plante pousse de tiges d’un pied et demi de haut, droites, fermes, lisses, ligneuses, vert-gai, épaisses de deux lignes, branchuës dés le bas, arrondies en buisson et garnies de feüilles longues d’un pouce ou quinze lignes sur deux ou trois lignes de large, un peu charnuës, dentées sur les bords, principalement vers le bas de la plante, car ensuite elles sont plus étroites et moins crenelées ; il y en a même qui sont aussi menuës que celles de la Linaire commune. Le haut des branches est garni de fleurs dans les aisselles des feüilles. Chaque fleur est un masque violet foncé, long de huit ou neuf lignes, dont la derniere est un tuyau d’une ligne de diametre, évasé en deux levres : la superieure est un cueilleron renversé long d’une ligne et demi, fendu en deux pieces assez pointuës, l’inferieure est longue de trois lignes, assez arrondie, mais découpée en trois parties, dont celle du milieu est la plus petite et la plus pointuë ; cette levre est relevée vers le milieu de quelques poils blancs et duvetez. Le calice est un godet lisse haut de deux lignes, découpé en cinq pointes ; il pousse un pistille sphérique de prés d’une ligne de diametre, lequel s’insére dans le tuyau de la fleur, comme par gomphose, surmonté par un filet assez menu, et devient dans la suite une coque sphérique