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Oliviers, et je ne sçai où la Colombe qui sortit de l’Arche fut chercher un rameau d’olivier, supposé que l’Arche se soit arrêtée sur le Mont Ararat, ou sur quelque autre montagne d’Armenie ; car on ne voit pas de ces sortes d’arbres aux environs, ou il faut que l’espece s’en soit perduë ; cependant les Oliviers sont des arbres immortels. On cultive aussi beaucoup de Ricinus autour du Monastere, pour en tirer de l’huile à bruler ; celle de Lin est employée pour la cuisine. C’est peut-être pour cette raison que la Pleuresie est assez rare en Armenie, quoique le climat y soit inégal, et parconséquent propre à produire cette maladie. Gesner remarque que l’huile de Lin, beuë à la place de celle d’amandes douces, est un excellent remede pour la pleuresie.

A l’égard des Melons, il n’y en a pas de meilleurs dans tout le Levant que ceux des Trois Eglises et des environs. Pour trente sols nous en faisions charger un de nos chevaux, et parmi ce grand nombre il s’en trouvoit quelques-uns fort superieurs à ceux que l’on mange à Paris : mais ce qu’il y a d’admirable, c’est qu’ils engraissent, et qu’ils ne font jamais aucun mal ; plus nous en mangions, et mieux nous nous portions. Ceux qu’on appelle Melons d’eau ou Pastéques, dans la plus forte chaleur du jour, sont comme à la glace quoique couchez sur terre au milieu des champs où la terre est très-chaude. On ne les cultive pas dans des lieux aquatiques, comme on le croit en ce pays-ci ; mais on les appelle Melons d’eau parce que leur chair ne se fond pas seulement à la bouche, mais qu’elle répand une si grande quantité d’eau qu’on en perd la moitié, sur-tout quand on mord dans le fruit, comme font les gens du pays qui les pelent et les mangent ordinairement comme des pommes : Nos Poires de Beurré et la Moüille-bouche sont seches en