Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/384

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Perse, il y a environ vingt ans, les soldats étoient logez chez les bourgeois de Teflis, et même dans les Eglises Greques et Armeniennes ; mais on porta toûjours beaucoup de respect à l’Eglise Latine, où les Mahometans même demandoient par grace de pouvoir entrer.

Il y a cinq Eglises Greques dans Teflis, quatre dans la ville, et une dans le fauxbourg ; sept Eglises Armeniennes, deux Mosquées dans la Citadelle, et une troisiéme qui est abandonnée. La Metropole des Armeniens s’appelle Sion, elle est au-delà du Kur sur un rocher escarpé, le bâtiment en eft tres-solide, tout de pierres de taille, terminé par un dôme qui fait honneur à la Ville. Le Tibilclé, c’est ainsi qu’on appelle l’Evêque de Teflis, a son logement tout auprés. Non seulement les Eglises des Chrétiens ont des cloches, mais même des clochers sur la pointe desquels la croix triomphe. C’est une grande merveille dans le Levant. Au contraire les Muezins ou Chantres Mahometans, n’oseroient annoncer les heures de leurs prieres dans les minarets des Mosquées de la Citadelle, car le peuple les lapideroit. L’Eglise des Capucins est petite, mais elle ne laissera pas d’estre assez jolie quand elle sera finie.

J’ay l’honneur d’être avec un profond respect, etc.