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gneur. Chaque feu fournit un homme pendant la guerre ; mais les soldats ne sont obligez de marcher que pendant dix jours, parce qu’ils ne peuvent porter des provisions que pour ce temps-là, et ils se retirent quand elles viennent à manquer, supposé qu’on n’ait pas pourvû à leur entretien.

Chacun peut faire de la poudre dans Teflis pour son usage ; on y apporte le souffre du Gangel, et le nitre se tire des montagnes voisines de Teflis. Le sel fossile est tres-commun sur le chemin d’Erivan. L’huile d’Olive y est fort chere ; on n’y mange et on n’y brûle que de l’huile de Lin ; toutes les campagnes sont couvertes de cette Plante, mais on ne la cultive que pour la graine, car on jette la tige sans la battre pour la filer : quelle perte ! on en feroit les plus belles toiles du monde ; peut-être aussi que ces toiles seroient grand tort à leur commerce de toiles de coton. Le Kur porte la fertilité par toutes ces campagnes ; il passe au milieu de la Georgie, et sa source vient du Mont Caucase. Strabon en a bien connu le cours. Ce fut là que les Roys d’Iberie et d’Albanie, comme dit Appien, se mirent en embuscade avec soixante et dix mille hommes pour arrêter les progrés de Pompée ; mais ce Géneral resta un hiver entier sur ses bords, et tailla en pieces les Albanois qui osérent le passer en sa presence. Ce fleuve en reçoit plusieurs autres, outre l’Arraxe qui est le plus grand de tous ; ensuite il se jette dans la mer Caspienne par douze embouchûres toutes navigables. Plutarque doute si le Kur se mêle avec l’Araxe ; mais sans rapporter ici le sentiment des anciens Geographes, Olearius qui avoit êté sur les lieux, nous en assûre dans son Voyage de Moscovie, de Tartarie et de Perse.

Pour finir ma lettre, Msgr, je n’ai plus qu’à vous entretenir de ce que j’ai appris, sur les lieux, touchant la reli-