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terre grasse et le chaud. On l’éleve facilement au Jardin du Roy et dans les Jardins de Hollande où je l’ai communiquée à nos amis.

Nous marchâmes toute la nuit du 20 Juillet et n’arrivâmes à Teflis que sur le midi, aprés nous être reposez pendant une heure, à trois milles de la ville sur une montagne assez agréable. Les voituriers partent ordinairement pendant la nuit pour éviter les courriers des Princes Persans, lesquels pour achever leurs courses sont en possession de prendre les chevaux qu’ils trouvent sur les grands chemins, n’épargnant que ceux des Francs ; car ils croiroient violer le droit d’hospitalité s’ils les traitoient de même que les gens du pays. Comme il n’y a point de posa tes établies, et que ces courriers sont censez courir pour affaires de conséquence, on ne trouve pas mauvais qu’ils se servent des chevaux des particuliers ; de maniére que les courriers démontez sont obligez de s’en aller à pied jusques à ce qu’ils ayent ratrappé leur monture. Cette mode est un peu incivile, mais c’est l’usage et il seroit dangereux de s’y opposer.

Aprés avoir passé par des pays assez plats, on s’engage dans des défilez escarpez en approchant de Teflis. Cette ville est sur la pente d’une montagne toute pelée, dans une vallée assez étroite à cinq journées de la mer Caspienne, et à six de la mer Noire, quoique les Caravanes en comptent le double. Teflis ou Tiflis est aujourd’hui la capitale de la Georgie, connue par les anciens sous les noms d’Iberie et d’Albanie. Pline et Pomponius Mela font mention des peuples appellez Georgi. Peut-être que la Georgie en a retenu le nom, peut-être aussi que les Grecs les appelloient Georgi, comme qui diroit de bons Laboureurs. Les Iberiens, comme nous l’apprend Dion Cassius, habitoient les terres qui sont en-deçà et en-delà