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des vignes ce jour-là, mais quoique le vin ne fût pas bon, on pouvoit le regarder comme du Nectar en comparaison de celui que l’on boit à Erzeron. Le paysage du lendemain ne fut pas moins agréable, car depuis trois heures du matin jusques à dix, nous marchâmes dans une vallée qui, quoi qu’étroite et escarpée, étoit néanmoins charmante par sa verdure et par ses differens points de veüe. Les habitations sont dans le fond ou à mi-côte, les bois en occupent les hauteurs, tout le reste est rempli de vignobles et de vergers naturels, où les Noyers, les Abricotiers, les Peschers, les Pruniers, les Poiriers et les Pommiers viennent d’eux mêmes. Si cette vallée n’est pas celle que Procope décrit entre le pays des Tzans et la Perse-armenie, on ne peut pas douter que ce ne soit un de ces quartiers de la Georgie où, suivant Strabon, abondent toutes sortes de fruits que la terre y produit sans culture. On n’y donne aucune façon, dit cet auteur, à la vigne si ce n’est qu’on la taille tous les cinq ans. Aprés avoir passé le pays des Tzans, suivant Procope, on entre dans une vallée profonde, escarpée, qui est des appartenances du Mont Caucase, bien peuplée, où l’on mange de toutes les sortes de fruits que l’on peut souhaiter en automne. Elle est pleine de vignes et se termine, aprés trois journées de chemin, par la Perse-armenie. Ce qu’il y a de certain, c’est que nous n’étions pas éloignez du Mont Caucase. Les montagnes qui s’étendent depuis Cars jusques à Teflis et vers la mer Caspienne, sont proprement les Monts Moschiques des anciens, lesquels suivant Strabon, occupent l’Armenie jusques chez les Iberiens et les Albanois. Quoiqu’il en soit, cette belle vallée dont on vient de parler, finit par une grande plaine assez bien cultivée où passe une riviere considérable qui descend des montagnes et qui, suivant ce qu’on nous dit, va du côté de