Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/347

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus tomber dans ses filets, aprés l’avoir fait remercier de ses honnêtetez, je lui fis dire que nous prendrions soin de son ami, et que nous lui donnerions tous les secours possibles pendant que nous serions à Cars ; mais qu’une fistule au fondement ne pouvoit être guerie que par l’operation, et que malheureusement nous n’avions pas les instruments nécessaires pour la faire.

Nous nous retirâmes à nôtre Camp beaucoup plus satisfaits que le jour precédent. Pendant que nous êtions à table, un des valets de l’Aga d’Erzeron vint nous répresenter que son maître nous avoit rendu un service fort considérable ; qu’il n’éxigeoit aucune reconnoissance de nous, mais que nous sçavions trop bien le monde pour ne pas lui faire quelque present. Nous en fûmes quittes pour trente sols pour le valet, et pour deux oques de caffé que nous envoyâmes à son maître, trop heureux d’en sortir à si bon marché. De peur qu’on ne vint encore nous faire quelque nouveau compliment, nous prîmes le parti de nous tenir à la campagne à chercher des Plantes jusques au départ de la Caravane ; ainsi les Turcs pillent toujours et principalement sur leurs frontieres ; mais il faut dire à leur loüange qu’ordinairement ils se contentent de ce qu’on leur donne.

On peut douter avec raison, si Cars n’est pas l’ancienne ville que Ptolomée marque parmi celles qui sont dans les montagnes de la petite Armenie. La ressemblance des noms est assez favorable, et il ne faut pas s’embarrasser si cet auteur la place dans la petite Armenie. Outre que ce pourroit être une faute d’inadvertance, les divisions de l’Armenie ont changé si souvent, qu’il y a beaucoup de confusion parmi les auteurs qui parlent de ce pays. On pourroit aussi soupçonner que Cars soit la Place que Ptolomée appelle Chorsa et qu’il place dans la grande Ar-