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grainé dans le Jardin du Roy. Il y a même apparence qu’elle y durera long-temps.

C’est une Ombellifer, pour parler Botanique, dont la racine pique en fond jusques à un pied et demi, grosse au collet comme le bras, partagée en quelques autres racines de la grosseur du pouce, peu cheveluës, couvertes d’une ecorce brune, pleine de lait acre et fort amer. Les feüilles d’enbas qui ont environ trois pieds de large sur autant de long, sont découpées si menu, qu’on ne sçauroit mieux les comparer qu’à celles d’une autre espece de ce genre que Morison a nommée Cachrys semine fungoso, levi, foliis Ferulaceis. Il semble même que la comparaison cloche un peu, car il n’y a point d’espece de Ferule qui ait les feüilles si menuës, et j’aurois mieux fait, sans suivre l’exemple de Morison, de comparer les feüilles de celle dont je parle, à celles du Fenoüil. Les tiges de nôtre Plante s’élevent à 4 pieds, grosses comme le pouce, fermes, dures, droites, solides, couvertes d’une fleur semblable à celle des Prunes fraîches, lisses, canelées, noüeuses, garnies aux nœuds de deux ou trois feüilles beaucoup plus petites que les autres ; et des aisselles de celles-ci naissent vers le haut trois ou quatre branches, lesquelles forment une plante assez arrondie. Les extrémitez de ces branches sont chargées d’ombelles ou bouquets de demi pied de diametre, composez de rayons inégaux qui soutiennent d’autres bouquets plus petits et comme spheriques, terminez par des fleurs jaunes à 5, 6 ou 7 feüilles longues d’une ligne et demi, avec la pointe tournée en dedans, ce qui les fait paroitre comme echancrées. Les etamines et les sommets sont de même couleur. Le calice qui d’abord n’a que deux lignes de long, grossit à veüe d’œil à mesure que les fleurs se passent, et devient ensuite un fruit long d’environ 10 lignes sur 6 lignes de large,