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peu ouverts, la bouche extrémement fenduë, les cheveux noirs comme jay, et le teint farineux et couperosé.

Nous voici pourtant, sans y penser, en pays d’érudition. Qui le croiroit, Msgr, parmi des Proserpines et des Curdes ? La montagne où sont les sources de l’Euphrate doit être une des divisions septentrionales du Mont Taurus suivant Strabon ; et ce Mont Taurus avec ses branches et ses Chesnes occupe presque toute l’Asie mineure. Denys le Geographe nomme le Mont Armenien, celui d’où sort l’Euphrate. Les anciens l’ont appellé Paryardes. Strabon s’explique plus clairement dans un autre endroit, où il dit positivement que l’Euphrate et l’Araxes sortent tous deux du Mont Abos, qui est une portion du Mont Taurus. Pline assûre que l’Euphrate vient d’une Province appellée la Caranitide dans la grande Armenie que Domitius Corbulo, qui avoit eté sur les lieux, appelle le Mont Aba et que Nutianus, qui avoit aussi veû ce pays-là, nomme Capotes. Eustathe, sur Denys Periegete, la nomme Achos.

Mitridate passa par les sources de l’Euphrate en s’enfuyant dans la Colchide, aprés avoir eté battu par Pompée. Il y a beaucoup d’apparence que l’action se passa dans la plaine d’Erzeron ; car les deux branches de l’Euphrate dont on a parlé, peuvent être appellées ses sources par les Historiens. Procope n’a pas connû ces sources, il les fait sortir de la même montagne que celles du Tigre. Il y a, dit-il, une montagne en Armenie à cinq milles et demi de Theodosiopolis, d’où sortent deux grands fleuves ; celui qui passe à droite s’appelle l’Euphrate, et l’autre le Tigre. Strabon a eû raison de dire que les sources de ces rivieres étoient éloignées de deux cens cinquante milles, ou de deux mille cinq cens stades. Pompée, comme dit Florus, fut le premier qui fit dresser un