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Beldargi ou Taille réelle que payent les biens possedez par les Spahis.

La ville d’Erzeron n’est pas sur l’Euphrate, comme les Geographes la placent ; mais plutost dans une presqu’isle formée par les sources de cette fameuse riviere. La premiere de ces sources coule à une journée de la ville, et l’autre à une journée et demi ou deux. Les sources de l’Euphrate sont du coté du Levant dans des montagnes moins élevées que les Alpes, mais couvertes de neige pendant presque toute l’année. La plaine d’Erzeron est donc renfermée dans deux beaux ruisseaux qui forment l’Euphrate. Le premier coule du Levant au Midi, et passant par derriere les montagnes, au pied desquelles la ville est située, va se rendre vers le Midi à une bourgade appellée Mommacotum. L’autre ruisseau aprés avoir coulé quelque temps vers le Nord, pareil à peu prés à celui des Gobelins, vient passer sous le Pont d’Elija, d’où coulant vers le Couchant, le long du chemin de Tocat, il est obligé par la disposition des lieux de se tourner vers le Midi à Mommacotum, où il se joint à l’autre branche qui est bien plus considérable. Ces deux branches s’appellent Frat du même nom que la riviere qu’elles forment. Aprés leur jonction, qui est à trois journées d’Erzeron, le Frat commence à porter de petites Saïques, mais son lit est plein de rochers et l’on ne sauroit êtablir de route par eau, pour descendre d’Erzeron à Alep, sans rendre cette riviere navigable. Les Turcs laissent le monde comme il est et les marchands font comme ils l’entendent. Cependant la voye de la riviere seroit la plus courte et la plus seure, car les Caravanes sont 35 jours en chemin d’Erzeron à Alep, et la route est fort dangereuse à cause des voleurs qui dépoüillent les marchands jusques aux portes des villes.