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et d’argent. La soye de Perse Chorbafi qui est la plus fine, et l’Ardachi qui est la plus grossiere, payent 80 écus par charge de Chameau, qui est du poids de 800 jusques à 1000 livres. 2°. Le Beglierbey dispose de toutes les Charges des villes de la Province ; ces Charges s’afferment suivant l’usage du pays, et se donnent au plus offrant et dernier encherisseur, comme par tout ailleurs. 3°. Excepté les Turcs, tous ceux qui doivent sortir de la Province pour aller en Perse, sont obligez de payer dans Erzeron au moins cinq écus, quoiqu’ils n’ayent point de marchandises ; c’est comme une espece de capitation qu’on leur impose. Ceux qui ne portent de l’or et de l’argent que pour les frais de leur voyage, doivent cinq pour cent sur la somme dont ils sont porteurs.

Nôtre Beglierbey à son arrivée abolit la pluspart de ces droits, parce qu’il les jugea tyranniques ; peut-être que son successeur les a rétablis ou augmentez depuis son départ. Outre ces taxes, avant l’arrivée de Cuperli on exigeoit de tous les étrangers la Capitation ordinaire, de quelque nation qu’ils fussent, lorsqu’ils entroient dans Erzeron, et cette Capitation étoit réglée sur l’estimation que les Turcs faisoient de chaque personne. Celui-ci, disoient-ils, doit payer dix écus sur sa bonne mine ; l’autre qui n’a pas beaucoup de hardes n’en payera que cinq. On rançonnoit impunément les pauvres étrangers, et les Missionnaires étoient les plus maltraitez : pour ne pas s’y tromper, on commençoit par découvrir la teste des passans pour voir s’ils étoient tonsurez, en sorte que ces hommes Apostoliques destinez pour les pays étrangers, étoient souvent obligez de laisser partir leur Caravane pour tâcher d’obtenir quelque modération, ou pour attendre quelque gros marchand Armenien ou Franc qui eût la charité de payer pour eux. On ne sçauroit avoir