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connuë. Il y a apparence que c’est celle que Galien a nommée Αρκτοστάφυλος ou Raisin d’Ours : cet autheur assûre qu’elle naît dans le Royaume du Pont, et qu’elle a les feüilles semblables à l’Arbousier, ce qui est vrai, si l’on compare les feüilles de cette plante à celles de l’Arbousier Adrachne, laquelle est aussi commune en Grece, et plus commune en Asie, d’où étoit Galien, que nôtre Arbousier ordinaire.

Nous ne fîmes que 35 milles le 22 May, et l’on dressa nos tentes proche d’un moulin d’eau à la veüe de Trebisonde, que les Turcs appellent Tarabosan, où nous arrivâmes le lendemain en quatre heures de temps à la voile et à la rame. Cette ville n’est devenüe celebre dans l’histoire que par la retraite des Comnenes, qui aprés la prise de Constantinople par les François et par les Venitiens, en firent le siege de leur Empire. Anciennement Trebisonde étoit regardée comme une Colonie de Sinope à qui même elle payoit tribut, comme nous l’apprenons de Xenophon qui passa par Trebisonde en reconduisant le reste des Dix mille. Xenophon raconte la triste avanture qui leur arriva pour avoir mangé trop de miel. Voici, Msgr, la description des plantes sur lesquelles les abeilles le succent.

Chamærhododendros Pontica maxima, Mespili folio, flore luteo. Coroll. Inst. Rei herb. 42.

Cet arbrisseau s’éleve à sept ou huit pieds de haut, et produit un tronc presque aussi gros que la jambe, accompagné de plusieurs tiges plus menues divisées en branches inégales, foibles, cassantes, blanches, mais couvertes d’une écorce grisâtre et lisse, si ce n’est aux extrémitez où elles sont veluës et garnies de bouquets de feüilles assez semblables à celles du Néflier des bois, longues de 4. pouces sur un pied et demi de largeur, pointuës par les deux