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campagnes sont pleines d’Oliviers, et que les Menuisiers de Sinope faisoient de belles tables de bois d’Erable et de Noyer. Tout cela se pratique encore aujourd’hui, excepté qu’au lieu de tables qui ne conviennent pas aux Turcs, ils employent l’Erable et le Noyer à faire des Sophas, et à boiser ou lambrisser des appartemens : ainsi ce n’est pas contre ce quartier de la mer Noire qu’Ovide a déclamé avec tant de vehemence dans sa troisiéme Lettre écrite du Pont, à Rufin.

Le lendemain nous fimes seulement 20 milles, et le vent du Nord nous fit relâcher, malgré nous, à l’embouchûre du Casalmac, au Port que les anciens ont nommé Ancon. Le Casalmac qui est la plus grande riviere de toute cette côte, a eté connu autrefois sous le nom d’Iris. Strabon n’a pas oublié de marquer qu’il passoit par Amasia sa patrie, et qu’il recevoit la riviere de Themiscyre avant que de tomber dans le Pont-euxin.

Nous laissâmes derriere nous sur le bord de la mer un vilage bâti sur les ruines d’Amisus ancienne Colonie des Atheniens, suivant Arrien. Theopompe qui dans Strabon en attribüe la fondation aux Milesiens, en convient aussi ; et par là il nous apprend la raison pourquoi la ville fut appellée Pirée, qui étoit le nom d’un des Ports d’Athenes. La ville d’Amisus fut libre pendant long-temps, et paroissoit même si jalouse de sa liberté, qu’il en étoit presque toujours fait mention sur les Médailles. On en voit, à cette legende, aux testes d’Ælius, d’Antonin Pie, de Caracalla, de Diadumene, de Maximin, de Tranquilline. Alexandre le Grand étant en Asie rétablit la liberté d’Amisus ; le siege et la prise de cette ville par Lucullus sont décrits fort au long dans Plutarque. Ce Capitaine Romain ne jugeant pas à propos de la presser, y laissa Murena ; mais il y revint aprés la déroute de Mithridate, et