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trouve dans les mines de cuivre. Les anciens estimoient la terre verte de Scio, mais on ne l’y connoît plus, ou du moins personne ne pût nous en apprendre des nouvelles.

Nous partîmes de Sinope le 10 May, et nous ne fimes que 18 milles, parce que le mauvais temps nous conduisit à Carsa, comme prononcent les gens du pays. Ce village est nommé Carosa dans nos Cartes, et ce nom approche encore plus de celui que lui avoient donné les anciens ; car Arrien le nomme Carousa et assûre, avec raison, que c’est un méchant port à cent cinquante stades de Sinope, qui font justement 18 milles et demi. Il est surprenant que les mesures des anciens répondent quelquefois si correctement à celles d’aujourd’hui.

Le 11 May nous campâmes sur la plsage de l’Isle que forment les branches du fleuve Halys à 30 milles de Carsa. Voici encore une beveüe de nos Geographes qui font venir ce fleuve du côté du Midi, au lieu qu’il coule du Levant. Ils ne sont excusables que sur ce qu’Herodote a fait la même faute ; cependant il y a long-temps qu’Arrien l’a relevée, lui qui avoit eté sur les lieux par ordre de l’Empereur Adrien. Strabon qui étoit de ce pays-là décrit parfaitement le cours de l’Halys. Ses sources, dit il, sont dans la grande Cappadoce, d’où il coule vers le Couchant, et tire ensuite au Septentrion par la Galilée et par la Paphlagonie. Il a pris son nom des terres salées au travers desquelles il passe. En effet, tous ces quartiers-là sont pleins de sel fossile ; on en trouve même sur les grands chemins et dans les champs labourables ; sa salûre tire sur l’amertume. Strabon qui ne négligeoit rien dans ses descriptions, remarque avec raison que les côtes depuis Sinope jusques en Bithynie, sont couvertes d’arbres dont le bois est propre à faire des navires ; que les