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de Sinope à Alexandrie. On lui dressa dans cette ville un Temple magnifique, dans le même endroit où il y en avoit eû autrefois un consacré à Serapis et à Isis ; le nom même de Serapis lui en resta peut-estre pour cette raison ; car Eustathe remarque que le Dieu Serapis des Egyptiens est le même que le Jupiter de Sinope.

Pharnace par sa révolte ayant obligé le grand Mithridate son pere à se tuer, feignit d’être ami des Romains, et se contenta du Bosphore Cimmerien que Pompée lui accorda : mais quelque temps aprés se flattant de pouvoir recouvrer les autres Royaumes de son pere, pendant que ce même Pompée et Jules Cesar avoient mis en combustion tout l’Empire Romain, il leva le masque et prit plusieurs villes des côtes du Pont-Euxin ; Sinope ne fut pas des dernieres. Il fut battu ensuite par Cesar et obligé de rendre Sinope à Domitius Calvinus qui eut ordre du General de continüer la guerre contre Pharnace. On ne sçait pas si la ville fut maltraitée alors, mais il est certain que les murailles en étoient encore belles du temps de Strabon qui vivoit sous Auguste ; celles d’aujourd’hui ont été bâties sous les derniers Empereurs Grecs. Les murailles sont à double rempart, deffenduës par des tours la pluspart triangulaires et pentagones, qui ne présentent qu’un angle. La ville est commandée du côté de terre, et il faudroit deux armées navales pour l’assiéger par mer. Le Château est fort négligé aujourd’hui. Il y a peu de Janissaires dans la ville, et l’on n’y souffre aucuns Juifs. Les Turcs qui se méfient des Grecs, les obligent de loger dans un grand fauxbourg sans deffence. Nous ne trouvâmes aucune inscription ni dans la ville ni aux environs, mais en récompense, outre les morceaux de colomnes de marbre qui sont enclavez dans les murailles, on en voit une prodigieuse quantité dans le cimetiere des