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milles tout à nôtre aise. Nous entrâmes sur les quatre heures aprés midi dans la riviere de Partheni, dont les Grecs ont encore conservé le nom ; mais les Turcs l’appellent Dolap. La riviere n’est pas bien grande, quoique ce fut une de celles que les Dix milles apprehendoient de passer. Strabon et Arrien assûrent qu’elle séparoit la Paphlagonie de la Bithynie. Si ce premier autheur revenoit au monde, il la trouveroit aussi belle qu’il l’a décrite. Ses eaux coulent encore parmi ces prairies fleuries qui lui avoient attiré le nom de Vierge. Denys de Byzance auroit mieux fait de les faire passer au travers de la campagne d’Amastris, que par le milieu de la ville ; aussi croit-il que le nom de Vierge lui fut donné à l’occasion de Diane que l’on adoroit sur ses bords. Les Citoyens d’Amastris l’avoient representée sur une Médaille de M. Aurele ; le fleuve a le visage d’un jeune home couché, tenant un roseau de la main droite, avec le coude appuyé sur des roches d’où sortent ses eaux. Pline n’a pas bien connu la disposition de ces côtes, car il a placé la riviere de Partheni bien loin au delà d’Amastris, et même plus loing que Stephane dont nous parlerons dans la suite. Cependant nous découvrîmes Amastris le lendemain 3 May sur les 9 heures du matin, et nous nous retirâmes ce jour là dans la riviere de Sita, aprés avoir fait 70 milles, moitié à la voile et moitié à la rame.

Amastris, qu’on appelle aujourd’hui Amastro, et non pas Famastro, comme l’on voit dans nos Cartes, est un méchant village bâti sur les ruines de l’ancienne ville d’Amastris, par la Reine dont on vient de parler, laquelle y réunit quatre villages, Sesame, Cytore, Cromna et Tios ; mais les habitans de Tios quitterent peu de temps aprés cette societé ; et Sesame qui étoit comme la citadelle de la ville, prit proprement le nom d’Amastris. Il faut lire Ar-