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venant vers les ruines de la ville, nous y découvrîmes une espece admirable de Sphondylium que nous primes d’abord pour la Panacée d’Heraclée de Dioscoride ; mais les fleurs en sont blanches, au lieu que celles de la plante de Dioscoride doivent être jaunes. C’est le nom d’Heraclée qui nous en imposa, car suivant cet auteur on l’appelloit Panacée d’Heraclée à cause de ses grandes vertus que l’on comparoit aux forces d’Hercule. La plante de Dioscoride venoit naturellement dans la Bœotie, dans la Phocide, dans la Macedoine sur les côtes d’Afrique, et donnoit le suc qu’on appelloit Opopanax, lequel est peut-être different de celui qui porte le même nom aujourd’hui. Quoiqu’il en soit, la plante qui croît dans les ruines d’Heraclée me parut tres-belle, et la plus grande de toutes les especes de plantes à fleur en parasol qui soit connüe ; c’est pour cette raison que je l’ai appellée

Sphondylium Orientale, maximum Cor. Inst. rei herb. 22. La tige est haute d’environ cinq pieds, épaisse d’un pouce et demi, creuse d’un nœud à l’autre, canelée, vert pâle, velüe, accompagnée de feüilles de deux pieds et demi de long sur deux pieds de large, découpées jusques à leur côte en trois grandes parties, dont celles du milieu est recoupée en trois pieces, et la moyenne de celles-ci est encore taillée de même. Toutes ces feüilles sont lisses par dessus, blanches et velües par dessous, soutenuës par une côte plus grosse que le pouce, solide, charnüe, embrassant la tige par deux grandes aîles, qui forment une espece de gaine de neuf ou dix pouces de long. Des aisselles de ces feüilles sortent de grandes branches aussi hautes que la tige, et quelquefois davantage, chargées de fleurs blanches tout-à-fait semblables à celles du Sphondylium commun ; mais les ombelles qui les soutiennent ont un pied et demi de diametre ; les graines, quoique vertes et peu