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Sa racine qui a demi pied de long, est grosse au collet comme le petit doit, ligneuse, dure, divisée en quelques fibres, couverte d’une écorce couleur de citron. Cette racine produit une tige d’environ deux pieds de haut, branchüe quelquefois dés sa naissance, épaisse d’environ trois lignes, ferme, mais si pliante qu’on ne sçauroit la casser, revêtue d’une écorce grise, accompagnée vers le haut de feüilles disposées sans ordre, semblables par leur figure et par leur consistance, à celles du citronier ; les plus grandes ont environ quatre pouces de long sur deux pouces de large, pointuës par les deux bouts, lisses, vert-gai et luisant, relevées au-dessous d’une côte assez grosse, laquelle distribuë des vaisseaux jusques vers les bords. De l’extremité des tiges et des branches, poussent sur la fin d’Avril de jeunes jets terminez par de nouvelles feüilles, parmi lesquelles naissent les fleurs attachées ordinairement deux à deux sur une queüe longue de neuf ou dix lignes. Chaque fleur est un tuyau jaune verdâtre, tirant sur le citron, gros d’une ligne sur plus de demi pouce de long, divisé en quatre parties opposées en croix, longues de prés de cinq lignes sur une ligne de large, un peu pliées en gouttiere, et qui vont en diminüant jusques à la pointe. Quatre etamines fort courtes se trouvent à l’entrée du tuyau, chargées de sommets blanchâtres et déliez, surmontées de quatre autres etamines de pareille forme. Le pistile qui est au fond du tuyau est un bouton ovale, long d’une ligne, vert-gai, lisse, terminé par une petite teste blanche. Le fruit n’étoit encore qu’une baye verte et naissante dans laquelle on distinguoit la jeune graine. Toute la plante est assez touffuë. Les feüilles écrasées ont l’odeur de celles du sureau, et sont d’un goût mucilagineux, lequel laisse une impression de feu assez considérable, de même que tout le reste de la