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ble. Toute sa maison fut malade sur la route ; nous traitâmes le Maître le premier, sa femme, sa mere, sa fille, et ses autres officiers : tout se passa à nôtre honneur, et les malades s’en trouverent bien.

Nôtre equipage fut bientost dressé, quoique la route dust être fort longue, car dans les plus grands voyages je crois qu’il ne faut absolument se charger que des choses nécessaires. Nous acheptâmes donc une tente, quatre grands sacs de cuir pour enfermer nôtre bagage, et des coffres d’ozier couverts de peau, pour conserver nos plantes et les papiers qui servoient à les secher. Les tentes du Levant sont moins embarrassantes que celles de ce pays-ci. Elles n’ont qu’un arbre au milieu qui se démonte en deux pieces quand on veut plier bagage, mais qui soutient, lorsque la tente est placée, un pavillon de grosse toile bien serrée sur laquelle l’eau coule aisément ; le paville est arrêté dans sa circonference avec des cordons que l’on accroche à des chevilles de fer fichées en terre ; aux deux tiers de la hauteur de ce pavillon sont attachées des cordes que l’on bande fortement par le moyen d’autres chevilles plus ecartées de l’arbre que les premieres ; ces cordes tirent le haut du pavillon en dehors, et lui font faire un angle saillant en maniére de Mansarde. Nous placions nos trois strapontins de telle maniére, que le chevet se trouvoit contre l’arbre, et les pieds à la circonference du pavillon, laquelle d’ailleurs étoit occupée par nos sacs et par nos coffres. Un quart d’heure suffit pour dresser un pareil appartement, et l’on y trouve toutes ses commoditez. A l’égard de la batterie de cuisine, elle consistoit en six assiettes, deux grandes jattes, deux marmittes, deux tasses, le tout de cuivre blanchi ; deux bouteilles de cuir pour porter de l’eau, un fanal et quelques cuilliers de bois à long manche ; car on n’en trouve