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On accusoit Amycus de surprendre les étrangers, et de les faire tomber dans des embuscades inevitables ; mais les Argonautes avertis de ses ruses y mirent bon ordre : non seulement ils accompagnerent Pollux dans la forest qui servoit de champ de bataille, mais ils se rangerent auprés de lui pendant le combat. Il étoit bien honteux à des cousins germains, fils de Dieux et de Deesses, de se traiter si indignement. Pollux étoit fils de Jupiter et de Leda, et Amycus fils de Neptune et de la Nymphe Melie, fille de l’Ocean, c’étoit une Hamadryade qui présidoit parmi les Frênes. Pour le Ceste ce n’étoit pas toujours une simple courroye de peau de bœuf ; il y en avoit aussi à plusieurs courroyes attachées à une massuë au bout desquelles pendoient des balles de plomb.

Beicos donc, pour reprendre nôtre sujet, etoit suivant les apparences la Capitale des Etats d’Amycus, et ce qu’on appelloit le Port d’Amycus, et ce qu’on appelloit le Port d’Amycus, et la ville qu’Arrien nomme Laurus insana, ou le Laurier qui renversoit la cervelle des gens. Cet arbre qui avoit donné le nom à la Place, et qui rendoit fols les Matelots qui en avoient sur leurs bords, étoit peut-être une de ces especes de Chamaerhododendros qui croissent sur les côtes de la mer Noire, et dont je parlerai dans la suite. La partie de Beicos qui est tout à fait sur la côte, s’appelle encore Amya, comme si c’étoit un nom corrompu d’Amycus ; c’est peut-être le lieu de la sepulture de ce Prince, car il est fait mention de son tombeau dans les anciens auteurs. Quoiqu’il en soit, toute cette côte est si fertile, que chaque village y porte le nom d’un fruit. Le village qui est au dessus de Beicos avant que d’arriver au premier coude du canal, s’appelle Toca, c’est à dire village aux Cerises, situé entre les sinus Monocolos et Moucapouris, séparez entre eux par un petit ruisseau et par le Cap Turc, qu’on appelloit Aetorhecum.