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buteur des bons vents, d’où vient que cet endroit s’appelle encore Joro, du mot corrompu Ieron, qui signifie un Temple. Le Château d’Europe est sur un Cap opposé, auprés duquel on voyoit autrefois le Temple de Serapis dont parle Polybe. De ces Châteaux le canal fait un grand coude, où sont les Golphes de Saraïa et de Tarabié ; et de ce coude il tire au sud-est vers le Serrail appellé Sultan Solyman Kiosc, à la distance de cinq milles des Châteaux. Aprés cela par un autre coude en zig-zag, le même canal s’approche peu à peu du Sud jusques à la pointe du Serrail, où il finit selon ma pensée. De ce dernier coude aux vieux Châteaux on compte deux milles et demi ; et de là au Serrail ou à la pointe de Byzance, six milles. Ainsi suivant ces mesures, tout le canal a seize milles et demi de long, ce qui n’est pas éloigné de la supputation des anciens, lesquels gagnoient du côté de Chalcédoine, où commençoit le canal selon eux, ce qu’ils perdoient entre les Temples de Jupiter et de Serapis, et la colomne de Pompée.

La largeur du canal aux nouveaux Châteaux où étoient ces Temples, est d’un mille ; et d’un mille et demi, ou deux milles en quelques autres endroits. Le lieu le plus étroit est aux vieux Châteaux, dont celui d’Europe se trouve sur la hauteur où les anciens, au rapport de Polybe, avoient bâti un Temple à Mercure ; c’est pour cela qu’il s’appelloit le Cap Hermée. Ce cap se trouvoit à moitié chemin du canal, suivant les anciens, parce que d’un côté ils le faisoient terminer, comme nous venons de dire, entre Chalcedoine et Byzance ; et de l’autre au Temple de Jupiter. Cet endroit n’a pas plus de 800 pas de large, et le canal est presque aussi resserré un peu plus bas à Courichismé village bâti au pied du Cap, que les anciens ont nommé Esties, d’où il s’élargit jusqu’au Serrail d’environ