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à des amendes aprés les avoir fait bâtonner.

Les Juges des grandes villes s’appellent Moula, ou Moula-Cadis ; ceux des petites villes, des bourgs et des villages se nomment Cadis. Toute la Justice est entre les mains de ces sortes de gens en Turquie ; et comme tout y est corrompu à present, le Moufti est pensionnaire des Cadilesquers, les Cadilesquers le sont des Moula, les Moula des Cadis, et les Cadis du peuple. Chaque Cadis a ses Sergens préposez pour avertir de vive voix ceux qui sont recherchez en Justice. Si celui qui est assigné manque à l’heure marquée, on accorde par provision à sa partie ce qu’elle souhaite. Il est souvent inutile d’appeller des Sentences des Cadis, car on n’instruit jamais de nouveau les procés ; ainsi la Sentence seroit toujours confirmée, parceque le Cadis a instruit le procés comme il l’a entendu, c’est en quoi il se commet d’horribles abus ; neanmoins on casse souvent les Cadis, on les châtie si leurs injustices sont criantes ; mais la Loi deffend de les faire mourir. Constantinople reconnoît des Cadis depuis environ 1390. car Bajazet I. du nom, obligea Jean Paleologue Empereur des Grecs, d’en recevoir dans cette ville pour juger les affaires qui arriveroient entre les Grecs et les Turcs qui s’y étoient établis.

Les Prêtres et les Religieux Turcs ont le bonheur de mourir dans leur lit, de même que les Cadis. Ordinairement les Prêtres commencent par anoncer les heures de la priere dans les galeries des minarets. S’ils sont gens de bien et d’une réputation sans reproche, le peuple des parroisses les presente au Grand Visir lorsque les Curés viennent à vaquer. Ce Ministre fait expedier leurs Provisions, aprés leur avoir fait lire quelques passages de l’Alcoran, ou leur avoir mis ce Livre sur la tête. L’emploi des Prêtres est de faire la priere, de lire dans les Mos-