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ils, ceux qui sont à leur droite sont au dessous de leur épée ; mais le Moufti et les Cadilesquers sont fort contens de prendre la droite qui est la place d’honneur parmi les gens de Loy ; ainsi il n’y a jamais de contestation entre eux : voilà comme l’on satisfait l’imagination des hommes. Si le Moufti est déposé par l’intrigue de ses ennemis, pour placer une personne de leur faction dans un poste aussi avantageux, on assigne au déposé la disposition de quelques charges de judicature, lesquelles produisent un revenu fort honorable. Mais si le Moufti étoit coupable de haute trahison ou de quelque crime enorme, il auroit beau dire que la Loy deffend de le faire mourir, on ne laisseroit pas de le dégrader et de le conduire aux sept tours où il seroit pilé vif dans un mortier.

Aprés le Moufti, les Cadilesquers sont les Officiers de Justice les plus accreditez dans l’Empire. Ensuite viennent les Moula ou Moula-Cadis, appellez grands Cadis, et les Cadis ou Juges ordinaires. Parmi les Cadilesquers ou Intendans de Justice, celui d’Europe, ou de Romanie est le premier ; celui d’Asie, ou d’Anatolie le second ; et celui d’Egypte le troisiéme. Ces Cadilesquers font la fonction du Cadi en son absence ; ils deviennent tres souvent Mouftis et s’appliquent à fond à l’étude de l’Alcoran, qui est leur Code civile et canonique ; on les appelle aussi Juges de l’armée, parceque la milice n’est jugée que par eux : leur place au Divan est à côté du Grand Visir, et l’on appelle quelquefois à eux de la Sentence d’un Cadi pour les affaires civiles : enfin leur emploi les oblige à veiller sur tous les gens de Justice qui sont dans l’Empire. Ils donnent les commissions de Cadis, et même celles de Moula-Cadis ; mais pour ces dernieres, c’est avec le consentement du Grand Seigneur. Sur des plaintes considérables et bien fondées, ils déposent les Cadis et les condamnent