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de. Il y a plusieurs villes en Turquie, où le lendemain des noces, les parens et les amis vont dans la maison des nouveaux mariez prendre le mouchoir ensanglanté qu’ils montrent dans les ruës en se promenant avec des joüeurs d’instrumens. La mere, ou les parentes ne manquent pas de préparer ce mouchoir à telle fin que de raison et pour montrer, en cas de besoin, que les mariez sont contens l’un de l’autre. Si les femmes vivent sagement, l’Alcoran veut qu’on les traitte bien et condamne les maris qui en usent autrement, à réparer ce peché par des aumônes, ou par d’autres œuvres pies qu’ils sont obligez de faire avant que de coucher avec elles.

Lorsque le mari meurt le premier, la femme prend son doüaire et rien de plus. Les enfans dont la mere vient de mourir, peuvent obliger le pere de leur donner ce doüaire. En cas de répudiation le doüaire se perd si les raisons du mari sont pertinentes ; sinon le mari est condamné à le continuer, et à nourrir les enfans.

Voila ce qui regarde les femmes legitimes. Pour celles que l’on prend à pension, on n’y fait pas tant de façon. Aprés le consentement du pere et de la mere, qui veulent bien livrer leur fille à un tel, on s’adresse au Juge qui met par écrit que ce tel veut prendre une telle pour luy servir de femme, qu’il se charge de son entretien et de celui des enfans qu’ils auront ensemble, à condition qu’il la pourra renvoyer lorsqu’il le jugera à propos, en lui payant la somme convenuë à proportion du nombre d’années qu’ils auront esté ensemble. Pour colorer ce mauvais commerce, les Turcs en rejettent le scandale sur les marchands Chrétiens, qui ayant laissé leurs femmes dans leurs pays, en entretiennent à pension dans le Levant. A l’égard des esclaves, les Mahometans suivant la Loy en peuvent faire tel usage qu’il leur plaît ; ils leur donnent la li-