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PREMIER AMOUR

çant des dessins sur le sable du bout de sa cravache. Il souriait de temps à autre d’une manière joyeuse, me regardait drôlement et m’excitait par de brèves questions et des reparties. D’abord je ne me laissai même pas aller à prononcer le nom de Zinaïda ; mais je ne pus me retenir et je me mis à faire sa louange. Mon père continuait à sourire ; puis il devint songeur, s’étira et se leva.

Je me rappelai qu’en sortant de la maison il avait ordonné de seller son cheval. Il était excellent cavalier et savait, bien avant le célèbre M. Réry, dompter les chevaux les plus rebelles.

— Est-ce que j’irai avec toi, papa ? lui demandai-je.

— Non, répondit-il. Et son visage prit son expression ordinaire d’affabilité indifférente. — Va seul si tu veux, et dis au cocher que je ne monterai pas à cheval aujourd’hui.