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PREMIER AMOUR

Enfin, je me levai, je m’approchai de mon lit sur la pointe des pieds, et, doucement, sans me déshabiller, je posai ma tête sur l’oreiller, comme si je craignais de déranger, par un mouvement brusque, tout ce dont mon âme était remplie…

Je me couchai, mais je ne fermai pas mes yeux. Bientôt, je remarquai que, dans ma chambre, une lumière projetait des reflets. Je me soulevai et regardai la fenêtre. Son châssis ressortait sur la lueur vaguement blanchâtre et mystérieuse des vitres.

« L’orage, » pensai-je. Et, en effet, c’était l’orage ; mais il passait au loin et l’on n’entendait même pas le tonnerre. Les éclairs seuls sillonnaient le ciel d’une lueur longue et blafarde qui n’éclatait pas, mais plutôt tressautait et se débattait comme l’aile d’un oiseau mourant.

Je me levai ; je m’approchai de la fenêtre