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PREMIER AMOUR

— Grâce à Dieu ! non.

— Grâce à Dieu, certainement, alors comment peux-tu en parler ?

Zinaïda ne fit aucune attention à moi.

Peu après le dîner, la princesse nous fit ses adieux.

— Je compte donc sur votre protection, Maria Nicolaevena et Petr. Vassilevitch, dit-elle d’un ton traînant à mes parents ; que faire ! j’ai eu mon temps, mais il est passé. Ainsi me voilà, moi, une Excellence, ajouta-t-elle avec un rire forcé ; à quoi cela m’avancera-t-il ? Quand il n’y a pas de quoi manger !

Mon père la salua respectueusement et la conduisit jusqu’à la porte du vestibule. Je me tenais également là, dans ma courte veste, et je regardais par terre comme un condamné à mort. La manière d’être de Zinaïda à mon égard m’avait complètement tué ; mais quel ne fut pas mon étonnement quand, en passant auprès de