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PREMIER AMOUR

que possible un air sérieux et d’aplomb, je lui dis :

— Certes, vous me plaisez beaucoup ; Zinaïda Alexandrovna, je ne vous le cache pas.

Lentement elle hocha la tête avec un semblant d’ironie.

— Vous avez un gouverneur, n’est-ce pas ? demanda-t-elle tout à coup.

— Non, il y a longtemps que je n’ai plus de gouverneur.

Je mentais ; il n’y avait qu’un mois que je m’étais séparé de mon Français.

— Oh ! mais vous êtes un grand, je vois.

Elle tapa légèrement sur mes doigts.

— Tenez bien vos mains, — et elle se remit à pelotonner avec ardeur.

Je profitai de ce qu’elle ne levait pas les yeux pour l’examiner d’abord furtivement, puis avec plus de hardiesse. Son visage m’apparut encore plus charmant que la veille.