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PREMIER AMOUR

de l’étroite bande de terre formant le jardin du pavillon de droite.

Je marchais la tête inclinée. Tout à coup, j’entendis des voix. Je regardai par-dessus la haie et je restai cloué sur place. Un étrange spectacle s’offrit à mes yeux.

À quelques pas de moi, sur la clairière, parmi les framboisiers aux fruits encore verts, se tenait une grande et svelte jeune fille, vêtue d’une robe rose à raies, et portant un fichu blanc sur la tête. Autour d’elle se pressaient quatre jeunes gens, et, à tour de rôle, elle les frappait sur le front avec des fleurs grises dont je ne connais pas le nom, mais qui sont souvent dans les mains des enfants. Ces fleurs forment de petits sacs et se déchirent avec bruit quand on les cogne contre un corps dur.

Les jeunes gens se soumettaient si volontiers à cette opération, et, dans les mouvements de la jeune fille (je la voyais de profil),