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PREMIER AMOUR

rent. Une famille quelconque s’était installée là.

Il me souvient que ce même jour, pendant le dîner, ma mère s’enquit au majordome de ce qu’étaient les nouveaux voisins, et ayant entendu le nom de la princesse Zassékine, elle dit d’abord, non sans un certain respect :

— Ah ! princesse… mais aussitôt elle ajouta : Probablement sans fortune.

— Ils sont arrivés dans trois fiacres, remarqua avec déférence le majordome en présentant le plat ; — ils n’ont pas de voiture, et leurs meubles sont très ordinaires.

— Oui, répondit ma mère, cependant ce sont toujours des gens convenables.

Mon père la regarda froidement et ne dit rien.

Un effet, la princesse Zassékine ne devait pas être bien riche : le pavillon qu’elle avait loué était si vieux, si petit et si bas, que des