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PREMIER AMOUR

de petit, de mesquin devant cette autre chose inconnue, que je pouvais à peine deviner et qui m’effrayait comme une image belle et terrible, qu’on essaie vainement de distinguer dans la demi-obscurité !…

J’eus, la même nuit, un rêve étrange et épouvantable ; il me semblait que j’entrais dans une chambre basse. Mon père était là, debout, la cravache à la main, et frappait des deux pieds. Dans un coin, se serrait Zinaïda ; elle avait une trace rouge, non sur la main mais sur le front ; derrière mon père et elle, se dressait Belovzorov tout sanglant, ouvrant ses lèvres blêmes et menaçant mon père avec colère.


Deux mois après, j’entrai à l’Université et, six mois plus tard, mon père mourut d’apoplexie à Pétersbourg où nous étions allés demeurer depuis peu de temps.