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PREMIER AMOUR

éperonné. Je le priai de me permettre de l’accompagner.

— Jouons plutôt au cheval fondu, me répondit-il, car avec ta mauvaise monture tu ne pourrais pas me suivre.

— Si fait, je mettrai aussi des éperons.

— Allons, soit !

Nous partîmes.

J’avais un petit cheval moreau, velu, fort sur ses jambes et suffisamment rapide. Il lui fallait galoper à toute bride quand Electric allait de son plein trot ; mais quand même, il ne restait pas en arrière.

Je n’ai jamais vu un cavalier comme mon père. Il était si gracieux en selle, il avait une adresse si naturelle, que le cheval semblait le sentir sous lui et s’enorgueillissait.

Nous suivîmes tous les boulevards ; nous passâmes dans le champ Devitchi, nous franchîmes plusieurs haies ; d’abord j’avais peur