Page:Tourgueniev - Premier Amour, trad. Halpérine-Kaminsky.djvu/201

Cette page a été validée par deux contributeurs.
187
PREMIER AMOUR

de scandale. Tout se passait en silence, sans hâte ; maman avait même fait dire de saluer la vieille princesse et de la prier de l’excuser si une indisposition l’empêchait d’aller prendre congé d’elle.

J’étais comme perdu, ne souhaitant qu’une seule chose, c’est que tout fût au plus vite fini. Une seule idée me poursuivait : « Comment pouvait-elle, jeune fille, princesse, se laisser aller à une semblable action, sachant que mon père n’était pas libre, et qu’elle, au contraire, avait la possibilité de se marier, quand ce n’eût été qu’avec Belovzorov ? Qu’avait-elle donc espéré ? Comment n’avait-elle pas eu peur de briser tout son avenir ?

« Oui, criais-je, voilà l’amour, voilà jusqu’où peuvent aller la passion et le dévouement ! Et je me souvins des paroles de Louchine : il en est à qui il est doux de se sacrifier. »