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PREMIER AMOUR

— Je sais tout ! mais pourquoi alors avez-vous joué avec moi ?… Pourquoi aviez-vous besoin de mon amour ?

— Je suis coupable envers vous, Volodia, prononça-t-elle. Ah ! Volodia, je suis très coupable ! ajouta-t-elle en joignant ses deux mains. Combien il y a en moi de mauvais, de ténébreux et de pervers !… Mais maintenant je ne joue pas avec vous. Je vous aime, vous ne soupçonnez même pas comment et pourquoi ?… Mais après tout, qu’est-ce que vous savez ?

Que pouvais-je lui répondre ? Elle resta debout devant moi en me regardant. Je lui appartenais de la tête aux pieds dès qu’elle me regardait… Un quart d’heure après, je jouais déjà avec le cadet et Zinaïda à nous attraper l’un l’autre. Je ne pleurais pas, je riais : bien que mes paupières, plissées par le rire, jetassent encore des larmes.