Page:Tourgueniev - Premier Amour, trad. Halpérine-Kaminsky.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.
167
PREMIER AMOUR

serre. Je vis au loin devant moi la vaste prairie, je me souvins de ma rencontre avec Zinaïda et je devins pensif…

Je frissonnai ; il me sembla entendre le bruit d’une porte qui s’ouvrait, puis le léger froissement d’une branche cassée. En deux enjambées, je descendis des ruines et je restai pétrifié sur place.

Des pas pressés, mais légers et prudents, se faisaient entendre dans le jardin ; ils se rapprochaient de moi.

« Les voilà ! Les voilà enfin ! » Ces mots traversèrent mon cœur.

Je tirai convulsivement le couteau de ma poche, et, convulsivement, je l’ouvris. Déjà je voyais rouge ; de colère et de peur mes cheveux commençaient à se dresser sur ma tête. Les pas arrivaient directement sur moi. Je me courbai, je me pelotonnai pour m’é-