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PREMIER AMOUR

retroussant même mes manches, je me dirigeai vers le jardin. J’avais combiné d’avance l’endroit où je devais monter la garde. Au bout du jardin, à l’endroit où la haie qui séparait notre propriété de celle des Zassékine s’appuyait au mur commun, se trouvait un sapin isolé.

En me dissimulant sous ses branches épaisses, je pouvais bien distinguer, autant que l’obscurité de la nuit le permettrait, ce qui se passait autour de moi. À mes pieds se déroulait un sentier qui me semblait mystérieux. Comme un serpent, il rampait le long de la haie, laquelle portait en cet endroit la trace des pas qui l’avaient franchie. Le sentier conduisait ensuite vers un kiosque arrondi d’acacias touffus. J’arrivai jusqu’au sapin, je m’appuyai à son tronc et je me mis à surveiller.

La nuit était aussi calme que la précédente, mais le ciel était moins couvert et l’on dis-